Mini-fic n°3

Elle s’était sauvée sans un mot, sans un regard. Elle lui filait entre les doigts. Elle se riait de sa déclaration. Il avait tout essayé pour obtenir son cœur. L’indifférence, la violence, l’attention, la déclaration. Tout essayé. Rien obtenu. Rien obtenu de continu. Il aurait pu tomber dans l’ivresse après ce nouveau coup du sort. Il aurait pu choisir la facilité : boire à en avoir plus soif et oublier entre les cuisses d’une Kendall ou d’une Madison.

Il aurait pu.

Il n’avait pas voulu. 

Il lui avait dit qu’il avait changé.

Et c’était vrai. 

Torse nu, armé d’un immense sac poubelle, Logan ramassait les cadavres de bouteilles qui jonchaient l’appartement en prenant soin d’éviter les membres de Dick et de penser trop à sa petite blonde.

***

Il s’était fait plaisir. Il avait dragué, surtout en début de soirée, bu -en continu-, peloté -beaucoup en fin de soirée. Heureux, il avait sombré dans le royaume des rêves où l’attendaient des dizaines de bimbos toutes moins farouches les unes que les autres.

Le paradis de Dick Casablancas.

Voyage au paradis qui s’arrêta au son dissonant des bouteilles s’entrechoquant dans un sac poubelle. La bouche pâteuse, le cheveu embrumé, il découvrit Logan en mode femme de ménage, la tenue de soubrette en moins.

Dick : Hey, mec qu’est-ce que tu fous ?

Logan ne stoppa pas son action pour saluer son ami. Il avait bien trop de choses à jeter, à recycler, trier dans la pièce. Il prit tout de même le temps de lui répondre en mettant une nouvelle paire de bouteilles dans le sac.

Logan : Le ménage. Tu sais ça consiste à nettoyer l’endroit où l’on vit.

Dick jeta un coup d’œil circulaire à la pièce. Oui, la pièce méritait bien un brin de toilette, mais pourquoi Logan s’y était attelé et pourquoi si tôt ? Il s’assit son cochon sur les genoux sur le divan bien décidé à tirer cette affaire au clair. On ne tirait pas Dick du pays des bimbos impunément.

Dick : Et depuis quand tu joues les fées du logis ?

Logan à mi-voix : Depuis que la fée s’est sauvée…

Dick roulant des yeux, répéta d’une voix mièvre : Depuis que la fée s’est sauvée…

Logan : Joue pas à ça…

Dick : Joue pas à quoi ! Oh Logan ! Je suis ton meilleur pote alors si j’peux pas te secouer les puces, je rends ma place…

Logan se ravisant : Bon, qu’est-ce que le grand maître Jedi a à annoncer à son fidèle Padawan ?

Dick : Ca te va bien de faire le guignol… D’habitude, je me tiens à carreaux de tes histoires de cœur, épiques ou pas, d’ailleurs… Mais là, mon pote, si tu crois que c’est avec cette allure de trèfle fané que tu vas la ramener ta belle plante…

Logan : Pardon ?!

Dick vexé par le manque de vélocité cérébrale de Logan devint méchant et plus explicite.

Dick : Depuis quand tu te la joues Duncan Kane ? Depuis quand tu acceptes qu’elle te file entre les doigts ? Depuis quand tu rends les armes ? Tu l’aimes ou pas ?! Tu veux que votre histoire traverse les époques mais tu ne lui donnes même pas de lendemain…

Logan balbutia, il n’était pas habitué à autant de lucidité de la part de Dick, surtout après une telle nuit.

Logan : Y avait quoi dans ton cochon ?

Dick : De la bière, mais ne change pas de sujet. Tu vas lâcher ton plumeau de Mary Poppins et tu vas aller lui mettre la deuxième couche. Tu lui as lu le mode d’emploi hier, maintenant, tu vas lui faire une démo.

Logan : …

Dick : Quoi encore ? Ne me dis pas que tu as la trouille. Elle a plus de chance de te trouver au pieu avec Kendall que toi de la trouver avec Duncan. Allez bouge… Je vais le faire ton ménage.

En automate, Logan se dirigea vers la porte d’entrée, attrapa ses clés, ouvrit la porte, reçut un coup de poing en plein torse, baissa les yeux.

Elle était là.

****

Elle avait hésité toute la matinée avant de prendre son courage à deux mains. Tremblante, elle avait gravi les étages. Hésitante, les yeux clos, elle avait tendu le poing vers la porte. Trop occupée à lutter contre ses démons intérieurs, elle n’avait pas vu la porte s’ouvrir. Elle frappa son poing contre un torse nu.

A son contact, une décharge électrique lui parcourut le corps entier. Elle connaissait ce grain de peau, cette odeur. Elle ouvrit son poing, inspira à plein poumons, caressa du plat de la main ce torse si ferme, sourit.

Il était réveillé et alerte.

***

Le temps de quelques secondes, il ne sut pas comment prendre le coup qu’il venait de recevoir.

Coup de colère.

Coup de cœur.

La caresse qui suivit lui ôta tout doute.

Coup de cœur.

L voff : Après le mode d’emploi, la démo, c’est ça ?

Il passa ses bras autour d’elle en prenant soin de bien choisir où se poseraient ses mains.

L voff : Ca n’engage à rien mais si elle se laisse faire…

Elle se laissa faire. Doucement, il fit glisser ses mains vers ses hanches.

Veronica nichée au creux de ses bras continuait à caresser son torse. Avec le bout du nez, elle remontait le long de son sternum qu’elle quitta à regret. Elle planta son regard azur dans le sien. Elle ne savait pas ce qu’elle y trouverait.

De la satisfaction ? De la quiétude ? De la stupéfaction ? 

Elle s’attendait à tout sauf à de la timidité. Pourtant, elle baignait ses iris.

V voff : Tu aurais réellement changé...

Amusée, elle joua un peu avec lui. Toujours avec l’arête de son nez, elle suivit l’angle de sa mâchoire, remonta jusqu’à son oreille gauche dans laquelle elle le libéra.

Veronica : Embrassez-moi Amiral plein aux as…